Traversée Grotte Annette – Grotte Chevalier
L’an dernier, en janvier, profitant du manque de neige, nous avions parcouru la grotte Annette aller-retour. Devant l’enthousiasme des participants j’avais promis de proposer la traversée grotte Annette/ grotte chevalier, qui est une sortie d’une toute autre ampleur. C’est ainsi que ce 24 mai j’ai proposé cette fameuse traversée en collaboration avec le club FLT, dont je fais partie, et qui loue pour 10€ la totalité de l’équipement. De ce fait, je ne pouvais accepter que 7 personnes.
Cette sortie est exceptionnelle sur plusieurs plans :
-elle n’est pas du tout classique, aucun des spéléos que j’ai consultés ne l’avait jamais réalisée
-c’est une sortie d’ampleur qui a la particularité de descendre sous terre 450 m de dénivelé et bien sûr de les remonter
-l’entrée et la sortie sont deux grottes qui sont côte à côte et il est étrange de ressortir par une autre entrée juste à côté
-malgré sa longueur et le dénivelé cumulé il n’y a que trois petites remontées sur corde ce qui fait que cette sortie, bien que physique, reste à la portée de débutants (en forme).
Au col du Coq, nous commençons par une séance d’essayage des combinaisons spéléo. Par chance tout le monde trouve la combi à sa taille. Nous montons le fameux « pré qui tue » , en haut, nous traversons l’effondrement du pilier sud, passage autrefois très délicat mais qui, par les passages répétés, se trouve être maintenant un sentier sans difficulté. Peu après nous traversons le Pas des Terreaux autre passage sans difficulté mais très esthétique et enfin nous arrivons à la grotte Chevalier, qui sera notre point de sortie, juste un peu plus loin au pied de la falaise de la face Est de la Dent de crolles.
De la grotte Chevalier sort un courant d’air froid car l’intérieur de la cavité est à 4 degrés. Nous nous équipons et nous passons le temps nécessaire pour régler les harnais spéléo sur chacun des participants. Une fois équipés nous faisons les quelques dizaines de mètres qui nous séparent de la grotte Annette qui est notre point d’entrée.
L’entrée de la grotte Annette est une trémie c’est-à-dire un ensemble de rochers qui obstruent la galerie. A l’époque de sa découverte, il avait fallu creuser dans cette trémie pour se frayer un passage qui était alors extrêmement périlleux, la trémie risquant à tout moment de venir refermer le passage (cela s’est produit plusieurs fois). Depuis ce passage a été sécurisé par des rails d’autoroute et même si le passage est devenu relativement sûr, il reste tout de même stressant de descendre à travers ces rochers. Après cette trémie la galerie se déploie, jamais très haute, jamais très grande, la plupart du temps debout mais avec des rampings, des passages délicats, des escalade-désescalades, des étoitures, des concrétions, de la marche dans des chaos de blocs glissants, quelques recherches d’itinéraire bref, toute la panoplie de la progression en spéléo.
Après plus d’une heure de progression nous arrivons à une série de puits remontants. D’abord le Puits Pourri, assez facile, qui se remonte grâce à une main courante, puis le puits de la Gnôle de 35 m que l’on contourne par deux petites verticales de 3 et 15 m suivies d’une main courante. C’est là que nous prenons le temps de régler et d’expliquer comment utiliser le matériel de remontée en spéléo. Tout le monde est débutant et découvre l’usage des crolls de poitrine, des bloqueurs des poignées Petzl etc. Le petit ressaut de 3 m nous prendra de ce fait beaucoup de temps. Juste après nous avons une remontée de 15 m techniquement un peu plus facile. Après ces deux verticales suit une main courante remontante qui surprend également un peu. Dans la galerie principale qui fait suite, nous prenons notre casse-croûte. Ça fait déjà pas mal de temps que nous avons démarré, nous avons circulé en permanence donc nous n’avons pas eu froid ; mais l’immobilité durant le casse-croûte nous glace. Le repas rapidement expédié, nous continuons dans des galeries spacieuses faciles à circuler qui se terminent par le Puits de la Varappe (d’habitude il est fait à la montée) suivi d’une main courante.
Quelques mètres plus loin nous quittons l’itinéraire classique Trou du Glas/grotte Annette pour nous engager vers la sortie par la grotte Chevalier (itinéraire que je ne connais pas).
L’embranchement est assez surprenant il ressemble à une fissure dans le plancher dans laquelle on n’a pas franchement envie de se glisser. Cette fissure s’avère être un petit méandre étroit mais relativement lisse. J’y envoie Nicolas qui, peu après me crie « c’est pas là, ça passe pas ». Je réponds « si, si, débrouille-toi ». J’entends peu après « non ça passe pas ». Je réponds « remonte un peu, passe à l’endroit le plus large ça doit passer ». Peu après j’entends Nicolas me dire « oui ça passe mais c’est très étroit » je réponds « pas de problème continue ». Effectivement malgré les râlentes et les raclements de combinaison sur les parois, la troupe progresse en se contorsionnant, en cherchant les bons passages, un peu plus haut un peu plus bas, mais finalement avec un peu de bonne volonté tout se passe bien et nous arrivons au pied d’un puits de 10 m.
C’est notre dernier puits remontant et la troupe, qui commence à bien fonctionner, monte ce puits sans trop de difficultés. En haut, une main courante mène rapidement au sommet d’un vide impressionnant. Il s’agit d’un puits de 55 m, l’amarrage se trouve au plafond en plein vide, accessible par une opposition avec 50 m sous les pieds. C’est bien sécurisé mais reste impressionnant. Ce puits de 55 m est vraiment très beau, plein gaz et une fois passé le stress du départ tous les participants s’avèrent enchantés de cette expérience. Le dernier (moi) doit toutefois faire un relais à 5m du bas pour éviter que le rappel ne se coince.
Après ce puits nous rentrons dans ce qui est qualifié de « méandre accrocheur » c’est-à-dire un méandre qui n’est pas lisse mais qui, plus large que le précédent, circule finalement assez facilement. Nous arrivons au deuxième puits, le puits de l’Oubliette qui, comme son nom l’indique, est piégeux. Nicolas comme d’habitude part en tête, je lui avais bien dit ne pas descendre au fond mais qu’il faut prendre une main courante (c’est ce qui est dit dans le topo). Or, je le vois aller jusqu’au fond, ce qui ne me plaît pas trop mais il me dit que les mains courantes sont là, donc nous descendons cette première partie du puits et effectivement il y a une deuxième partie du puits qu’il ne faut pas descendre mais contourner par une main courante assez athlétique. Les participants apprécient moyennement cette traversée tire-bras.
Ensuite nous avons une série de galeries basses et de ramping qui nous amènent sur le dernier puits le Puits de la Toussaint. Un puits de 25 m environ mais « en travers ». Je suis obligé d’installer une déviation puis de faire un relais sur les 8 derniers mètres pour tomber dans la gigantesque galerie Chevalier.
Il faut enfin remonter longuement cette galerie gigantesque qui est un grand chaos de bloc.
Les dimensions de la galerie sont stupéfiantes mais la remontée des 250 m de dénivelé dans ce chaos s’avère pénible surtout en fin de journée. Tout à fait en haut de la galerie il faut trouver le petit passage qui permet de revenir à l’air libre et nous voilà dehors après cette extraordinaire traversée.
Nous avons passé 6h30 sous terre ce qui est pas si mal. La troupe est enchantée mais bien fatiguée, voire laminée, par cette sortie. Nous nous déséquipons et nous attaquons le chemin du retour.
Depuis la voiture c’est une sortie de près de 10h avec des efforts en permanence : une belle journée.
Félicitation à tous les membres de l’équipe, tous débutants en spéléo, dont 3 nouveaux adhérents au Gan (c’était leur première sortie!!), qui se sont parfaitement comportés sur cette sortie longue, difficile et assez technique.
Les participants : Stéphanie I, Greg Rota (nouveau), Nicolas Zerbonne (nouveau), Laétytia Reynier (nouvelle), Nicolas B, Damien C. et Jacky
Jacky, et les photos de tous.