Des Grandes Voies pour le GAN ‘2’, le retour…
Little big ways often lead to larger ones, but sometimes become no-ways too
Le nombre des ganistes atteints du virus de l’escalade aérienne et sauvage augmente en ces derniers jours de juillet, les missions s’enchaînent à cadence épidémique…
Les Trois Pucelles – St-Nizier-du-Moucherotte, Parcours Honegger (70 m, AD-)
Mercredi 29 juillet, Gérard et Jean-Pierre décident de faire une ‘petite grande voie’ sur le pouce. Nous optons pour les Trois Pucelles, dont la proximité de Grenoble nous permettra de tenir le timing. J.-P. étant pris par le temps, nous abandonnons l’idée de faire le ‘couloir Grange’ (140 m, AD), nous partons pour le ‘Parcours Honegger’, petite boucle en terrain d’aventure, qui fait le tour du sommet de la Grande Pucelle.
Nous attaquons la montée du parking vers 13h30. Après une approche un peu paumatoire, due aux sentiers pas trop bien cartographiés et faute d’avoir compris qu’il fallait partir du haut, nous trouvons enfin la ‘Salle-à-manger’ d’où part le rappel dont accès au parcours. Après ce rappel de quinze-vingt mètres on remonte un couloir presque horizontal dont la seule difficulté est la traversée d’une ravine exposée (un seul pas), en tournant à droite en haut du couloir on rejoint la dernière longueur de la ‘voie du couloir Grange’ où l’on trouvera quelques pas de 4 et un pas de 5 bien protégés par quelques points.
Dans cette longueur je perds une dégaine accrochée à mon baudrier, heureusement il n’y en avait pas qu’une et on n’était pas dans du gazeux engagé. Une des attaches à matériel en plastique (de mauvaise qualité, visiblement) du baudrier a cédé sans raison apparente, il vaut mieux éviter d’acheter pas cher ce genre d’accessoire, au risque d’avoir un jour des problèmes ! Nous sortons sur les arêtes. Nous raccourcissons la corde en faisant des anneaux de buste de manière à finir le parcours en corde tendue, mais pour rien ! Car nous avions zappé qu’il y avait encore un rappel de dix mètres, alors on re-défait tout.
Encore une dalle de 4 à remonter et un pas expo en traversée et l’arête devient facile. Nous arrivons au parking à 18h. Durant le parcours nous ne vîmes pas un seul relais, nous en fabriquâmes donc sur des arbres ou des becquets à l’aide de sangles. En fait, je pense que le mieux est de faire ce parcours intégralement en progression corde tendue pour éviter plein de manipes. Il n’y a pas de difficultés et les grimpeurs avertis peuvent même la parcourir en grosses chaussures de montagne.
C’est une balade aérienne à faire pour l’ambiance de ces étranges lames de calcaire verticales ultra-lisses, mais pas si vierges que ça ! Idéal aussi pour réviser les manipes montagne avec vue plate sur la ville…
La Bérarde – Tête de la Maye- Voie ‘Du 5 à tire-larigot’ (400 m, D+) – Tête de la Maye- Voie ‘Pujolidal’ (350 m, D-)
Vendredi 31 juillet 2009, 8h15, direction La Bérarde, au coeur du massif des Ecrins. Cette fois-ci, la ‘climbing team’ s’agrandit, le duo de choc Antoine-Gérard (A-G) se voit flanqué de l’équipe Marc-Christine (M-C). Bon équilibre entre le terrain d’aventure-montagne et les voies-école, la ‘Tête de la Maye’ et son granite compact nous offre des voies de difficultés moyennes bien équipées, mais longues. Forte de ses derniers exploits (voir épisode précédent : ‘la Trilogie de Juillet’), la A-G-crew a jeté son dévolu sur l’assez homogène voie, ‘Du 5 à tire-larigot’ (5b ; 5c ; 5b ; 5b/c ; 3a ; 5c ; 5b ; 3a ; 5b ; 4b ; 5c ; 5a/b ; 5a ; 3c) qui devrait permettre de ne pas trop s’ennuyer durant ses 400 m et ses quatorze longueurs d’escalade, à sortir.
Les conditions sont bonnes nous allons pouvoir exorciser notre abandon en ces mêmes lieux, d’il y a quelques semaines où l’eau de fonte ruisselait dans les dalles. De son côté, histoire de se remettre dans le bain des hauteurs, la M-C-crew vise l’initiatique voie ‘Pujolidal’ (3c ; 3c ; 3c; 3b; 5a; 4a; 2a ; 4b ; 3b ; 5a ; 5b ; 5c ; 4b) avec ses 350m sur treize longueurs. Une demi-heure d’approche par un sentier raide nous amène au pied des voies. Un 5 gravé dans la roche nous indique le bon départ de ‘tire-larigot’, il y a une ligne de points à gauche, qui n’est pas marquée dans les topos, peut-être le début d’une voie en construction, le bon truc pour se planter !
Le soleil de juillet nous irradie une fois de plus abondamment dans cette face sud située entre 2000 m et 2500 m d’altitude, mais heureusement, une brise légère nous amène la fraîcheur nécessaire pour de la bonne escalade (de sa mère ! ziva !). 11h30, personne devant nous, personne derrière, on attaque par une première longueur de 5b, qui ressemble à du 5b, pour une fois. La deuxième longueur se veut plus corsée, une traversée suivie d’un petit surplomb athlétique à franchir, du bon 5c, mais avec les prises qu’il faut. Encore du 5b relax, puis une longue dalle peu prisue, pas si facile, que je donnerais plus en 5c que 5b, d’autant que parti un peu vite, je me mets au taquet dans le pas le plus fin, un mètre en-dessous d’un point que j’atteins avec joie, évitant la chute de peu.
Nous arrivons ensuite sur une terrasse herbeuse, pour repartir dans le 5+, il y a en fait juste un pas athlétique sur une espèce de grosse colonne s’élargissant qui demande des mouvements un peu bizarres, arrivant dessus à bras le corps, les pieds cherchant l’adhérence sur un granite sablonneux en surface. Antoine la passera plutôt en Dülpher par la gauche. Une longueur agréable continue et variée dans le 5b nous amène à une nouvelle terrasse sur laquelle nous organisons une pose grignottage.
Requinqués, nous partons pour les six dernières longueurs sans trop de difficultés, juste une de 5c en dalle, à réflexion, pour pas s’endormir les neurones et un pas tordu assez ludique dans la suivante, qui m’oblige à faire un appui de genou pour sortir de la position assise sur l’arête du rocher où je m’étais fourré. Pour finir, 5a, puis du 3 si on slalome un peu dans la dalle pour éviter les petites difficultés. Encore quelques minutes dans les pentes herbeuses et nous voilà sortis au collet, à dixminutes en dessous du sommet de la Maye, il est 18h passé.
Au finish 6h30 passé dans la voie, en y allant à notre rythme, avec une petite pause pour manger un bout et quelques arrêts photo, on est à peu près dans le timing (voie donnée en 5 à 6h). Re-grignottage, puis descente en courant du sentier de la Maye coupé par des passages câblés. Nous retrouvons à 19h30 la M-C-crew qui nous attend au café depuis une heure. Donc au total, 8h30, parking to parking.
Interviewons donc à présent nos amis Marc et Chistine :
Quelles sont vos impressions, en gros, sur votre voie ‘Pujolidal’ ? :
Ma foi, une belle voie facile et longue, dans le 4 à 5 maxi, avec une avant-dernière longueur dans un dièdre complexe où j’ai sacrifié l’esthétique au profit de l’efficacité pour mousquetonner au plus vite… Des edelweiss furent nos compagnons dans certains relais. Et le temps d’une journée, ’PUJOLIDAL’ est devenue pour moi ’NOCASSEDAL’, laissé à tort dans la voiture de la A-G-cordée. J’ai tout de même survécu sans problème grâce aux pains d’épices et compotes habituels. A noter surtout la présence de ma compagnonne de cordée émérite et familiale, Christine, qui a porté haut (à plus de 2300 m) les couleurs de l’Association Poitevine Escalade et Montagne, venue de loin pour poser un camp de base Montagne de 15 jours en Oisans.
En résumé, deux voies bien longues, avec une ‘Pujolidale’ plus facile mais avec quelques pas retors sur la fin et ‘Du 5 à tire-larigot’ très sympathique, pas trop dure, mais qui demande tout de même de l’aisance dans le 5c, 5c+ et de l’endurance dans le niveau 5 (dixx longueurs, soit, plus de 300 m de grimpe à enchaîner dans ce niveau). Les deux longueurs de 3 cassent un peu le rythme mais permettent de trouver des aires de repos. Certains relais sont confortables, d’autres moins !
Les cotations annoncées étaient plutôt correctes, l’équipement ‘nickel’, les passages durs pouvant s’envisager en tire-clou. En tout cas, ce sont des voies à faire.
St-Hilaire du Touvet – Dent de Crolles – Rando Sangle Barrère par abandon de la voie du ‘Pilier Sud’ (280 m, TD-)
Mardi 4 août 2009. Pour conclure la fièvre estivale giganto-grimpatoire juilletto-aoûtienne, le duo ‘A-G’ entreprend de se lancer dans du ‘sérieux’. Au programme, tentative sur le pilier sud de la Dent de Crolles. Dans le même esprit que la voie du pilier sud du Mont-aiguille que nous avions fait avec Thomas mi-octobre l’année dernière, mais en ‘plus dur’, le parcours de ce fier éperon dominant le Grésivaudan, devait nous réserver tour à tour, des premières longueurs de 5 sur rocher pourri, du 5+ athlétique, du 6c dévers à passer en artif avec des pédales, du 3 herbeux expo et du 4 super-hyper aérien dans les dernières longueurs (300 m de gaz pur).
Beau et ambitieux programme ! Nous démarrons du parking à 9 h, prêts à en découdre, avec coinceurs et friends à la ceinture. Le parcours d’approche bien intégré, le topo super étudié. Avant la dernière partie du sentier du pas de l’œil nous récupérons à droite un sentier serpentant sur des vires étroites exposées et délitées, l’humidité résiduelle des pluies de la veille rend chaque pas délicat, obligeant à une certaine prudence… Cinq chamois détalent à notre approche. Nous contournons le pilier pour arriver en vue du départ. Mais en montagne les choses sont rarement simples…
Arriver au relais R0 permettant le démarrage nous demandera au moins une heure pour trouver le chemin optimal et le ‘moins’ risqué pour l’atteindre, dans ces gradins délités et vires à chamois étroites et toutes aussi « pourrites » où alternent couches de calcaires cassantes et couches de marnes friables. Le temps d’arriver enfin à ce ‘starting point’, des nuages (pas prévus par la météo) se forment abondamment le long de la paroie, nous noyant dans la purée-d’pois. On regarde l’heure, 11h20, hou-la-la, au moins 5 h pour faire la voie derrière, attaque dans le rocher pourri, stress lors de l’approche, brouillard.
Notre mental commence à s’émousser sérieusement, il ne faut pas longtemps pour qu’on se décide à renoncer. On passe à la ‘Grotte Anette’, toute proche du relais. Grotte reliant par au moins deux kilomètres de galeries le ‘Trou du Glas’ sur l’autre versant. On s’en retourne au pas de l’Œil pour aller manger un bout au sommet et pleurer sur ‘par où on aurait dû arriver en haut, sniff !’ Enfin, pour se consoler on décide de faire le ‘Sangle de la Barrère’ jusqu’au ‘Trou du Glas’, qui démarre quelques mètres à droite en-dessous du pas de l’œil (une randonnée du vertige sympa et sans difficulté ni trop de vide, que même familles et enfants parcourent joyeusement).
Joli parcours. Puis, retour en surfant les cailloux dans la descente. Finalement, nous avons tout de même bien profité et bien repéré pour la prochaine fois, ce genre de voie s’apprivoise en douceur ! Et en plus rien à regretter, on aurait même pas vu le ‘gaz’ dans le brouillard, un comble, c’est aussi un peu pour ça qu’on vient là ! Comme le dit un vieux guide vieux sage, ‘il faut cultiver la culture du renoncement’ ; sur ce coup là je trouve que nous fûmes animés par une puissante érudition.
The mission was (almost) done yet
Gérard, Août 2009