Col de la Temple (3321 m)
Nous sommes six ganistes au rendez-vous samedi matin pour cette sortie alpinisme du GAN, avec déjà une déconvenue. Le refuge de La Pilatte qui avait confirmé la réservation m’appelle vendredi à 22h. La faille géologique sur laquelle est construite le refuge a bougé suite à la décompression du glacier. La commission géologique n’autorise pas l’ouverture du refuge pour toute la saison ! En catastrophe, j’appelle Temple Ecrins et les six places sont négociées contre une participation à la vaisselle. Nous irons donc au col de la Temple, 3321 m.
Arrivée comme prévu vers midi à la Bérarde, sous un ciel plus clément que prévu. Pique-nique au bord du Vénéon. C’est le début de saison et il n’y a pas grand monde sur le parking. Par contre, encore beaucoup de neige sur les versants et sommets. Nous préparons les sacs puis en route pour Temple Ecrins. Arrivés au refuge 2410 m, nous préparons la séance d’école de neige. Je m’aperçois que j’ai oublié mon baudrier à Voiron ! Mauvais point pour l’animateur. Heureusement la gardienne peut m’en prêter un. Nous sommes six, nous ferons trois cordées de deux.
Vu l’enneigement, la pente de neige idéale n’est pas difficile à trouver à quelques minutes du refuge et la séance pédagogique commence : marche sur glacier, auto-arrêt en cas de glissade, encordements, nœuds, simulation de contournement de crevasse et de remontée au Prussik. Cet apprentissage bien que sérieux donne l’occasion de belles rigolades et glissades dans la neige. Nous profitons aussi de l’exercice pour faire la trace vers le sentier du col de la Temple, car demain, au petit matin, la neige risque d’être dure.
De retour au refuge, c’est le moment détente autour d’un verre puis chacun aménage sa place pour la nuit dans le dortoir.
Malgré la jauge imposée par le Covid, l’ambiance du refuge est maintenant très animée par d’autres rescapés de La Pilatte. Nous ne serons pas les seuls au col de la Temple.
Après un repas sympathique, Nicolas se dévoue pour représenter le GAN à la vaisselle, puis chacun regagne le dortoir. Il est 20h30, réveil demain 03h30.
A l’heure prévue la douce voix de la gardienne interrompt la quiétude du dortoir. La journée commence par un petit déjeuner et les préparatifs de la course.
Il est 04h30, la voute céleste, exempte de pollution lumineuse est parfaitement limpide, uniquement sillonnée par quelques étoiles filantes. La journée s’annonce radieuse. Le proverbe « Qui trop écoute la météo, passe sa vie au bistrot » prend tout son sens ce matin.
A la frontale, nous retrouvons nos traces de la veille, puis le sentier qui fait suite. Ce n’est que vers 2800 m que nous retrouvons la neige. Nous pouvons mettre en application sur le terrain les enseignements de la veille, sauf les glissades. Avec le bon regel nocturne, les chutes ne sont pas au programme. A part quelques passages, la neige est bien gelée et porte bien. Néanmoins, l’accès au col, randonnée débonnaire sur sentier l’été, demande attention et concentration dans quelques passages en traversée et pentes à 45° sur la neige.
A 8h00 nous arrivons au col, le temps est radieux et la majestueuse muraille des Ailefroides se dresse devant nous à 3954 m. Au col, le soleil et l’absence de vent nous incitent à une pause bien méritée suivie d’une séance photos pour tout le monde.
Puis c’est la redescente vers le refuge. Nous quittons le soleil pour replonger dans l’ombre et les pentes neigeuses. Là encore la concentration et la prudence s’imposent. Mais tout va bien, nos trois cordées arrivent détendues et avec la bonne humeur sur le sol pierreux puis ensuite au refuge où une bonne bière accompagnée du pique-nique vient récompenser nos efforts.
Nous lézardons exagérément au soleil et certains en profitent même pour s’offrir des tartelettes aux noix avant de redescendre dans la vallée, puis sur Grenoble où le mauvais temps nous attend.
Martin et Nicolas testeront même la baignade dans le Vénéon !
Avec une météo compliquée et instable, associée à la non ouverture du refuge, nous avons le sentiment d’avoir volé cette course. Le succès n’était pas gagné d’avance, mais cette reprise de l’alpinisme pour tous s’est déroulée dans la joie et la bonne humeur.
Hervé.
