Découverte des crampons au Grand Sorbier (2526 m)

Nous nous retrouvons ce samedi matin pour tenter l’ascension en ski de rando du Grand Sorbier ! Pour moi c’est l’occasion de faire dans le cadre du club cette sortie que j’avais faite « par hasard » un jour où je skiais seul et n’avais donc prévu de n’aller que jusqu’aux lacs Robert. Mais j’avais atteint le sommet qui ce jour là pouvait se faire sans piolet et sans crampons, n’ayant pas « réussi à freiner »… Aujourd’hui malheureusement, non seulement j’oblige à partir avec les piolets et crampons car il y a eu des accidents sur neige gelée dans les semaines précédentes, mais nous ne pourrons sans doute pas faire le Grand Sorbier pour des raisons de risque avalanche. Le plan A devient donc le Grand Eulier, qui aura le mérite de donner un visuel sur le Grand Sorbier et son état de la neige.
Je teste aussi un nouveau point de covoiturage pour partir, en l’occurrence le parking jouxtant la MC2. Cela ne favorisera pas les personnes venant de l’extérieur de Grenoble mais cela favorisera le fait de passer par Brié pour atteindre Chamrousse. Et ainsi éviter la combe d’Uriage qui est en travaux. Le départ n’est pas aisé car il faut jouer au Tétris pour minimiser le nombre de voitures. Normalement je prévois huit personnes et deux voitures, qui sont quasiment toujours remplies. Mais là l’objectif étant ce qu’il est, nous ne sommes que cinq participants. Et du coup il nous faut réfléchir quand même un pour pour arriver à loger tout le monde et tout le matériel dans une seule voiture, mais nous y arrivons !
Malgré le retard, nous n’avons pas de difficulté à trouver des places de parking (à Casserousse, il faut se garer en dehors des places privées de la station) et à partir avant les premiers skieurs, afin de passer la traversée de la piste sans risques de se tamponner un calu. Le départ se fait dans une petite brume qui nous fait craindre une journée pas assez ensoleillée à notre goût. Mais très vite, les franges d’or des nuages nous fait dire que bientôt nous serons sortis d’une mer de nuages et que la journée sera très belle !
Les passages en forêt autour du lac des Pourettes sont excellents. La neige dernièrement tombée nous évitent les mésaventures habituelles à cet endroit. Même la dernière descente avant le lac, connue pour sa technicité de ski en peaux, est facilité. C’est bien la première fois que je fais un virage sauté avec mes peaux ! Nous avalons les derniers mètres avant la brèche Nord à toute vitesse, le groupe étant très homogène.

Je propose donc que l’on discute à la brèche et que chacun s’exprime sur ce qu’il interprète de l’état de la montée au Grand Sorbier. Certains groupes étant déjà en train de monter mais les traces ne sont pas assez nombreuses pour utiliser ça comme un paramètre de réduction du risque. Pour ma part j’utilise la Méthode de Réduction Professionnelle du risque (MRP) dont j’ai la carte de calcul en poche. En n’utilisant pas le paramètre « itinéraire tracé » mais « groupe avec délestage », pour moi ça passe. C’est globalement l’avis de tout le monde même si certains seraient plus rassurés de ne faire que l’Eulier.
Notre analyse semble rassurer aussi un split-boarder qui nous demande si il peut nous suivre jusqu’au Sorbier. J’accepte mais à la condition qu’il respecte les distances de délestages choisies pour la première partie de la montée qui est l’endroit le plus raide, le plus à l’ombre et le plus chargé. Nous traversons les lacs Robert au soleil avant d’attaquer ce verrou encore ombragé. Le groupe, toujours aussi homogène, respecte parfaitement les distances de délestage (un exemple pour le GAN !).
Aucun souci d’avalanche ne semble pointer son nez. Des skieurs solos sont même déjà en train de descendre ! Comme quoi certains n’ont pas les mêmes craintes et la même précaution que nous !
Nous commençons à tirer la langue et à souffler amplement en arrivant au col. Nous hésitons à mettre les crampons et regardons les autres groupes passer à la descente et à la montée. Les premier à descendre vident le couloir du peu de neige fraîche qu’il reste et nous entendons au bruit de leur skis que cela sera dur. Les suivants qui montent font demi-tour pour mettre leur crampons. Benoît est déjà dans la montée et Emil a déjà mis ses crampons. Mais pour le reste du groupe c’est donc une décision de tous les mettre qui est prise. Cela nous permet de passer sans soucis, même pour ceux pour qui c’est la première fois en crampons !
Les premiers à passer s’arrêtent dès l’antécime. Il faut dire que le vrai sommet est plein de cailloux et n’est donc pas très intéressant. Nous nous arrêtons donc là pour casser la croûte en espérant que le couloir, qui est plein Sud, ramollisse un peu.
Pour la descente, nous sommes trois à faire le choix de descendre à skis et deux à crampons. Seul Nils arrivera à faire un virage. Il faut dire que le couloir est particulièrement raide et étroit aujourd’hui. En plus d’être en neige dure. C’est aussi ce côté non transformé de la neige qui fait qu’en cas de chute, ça sera une dégringolade jusqu’en bas. Tout se passe bien toutefois, ceux ayant fait le choix des skis n’auront pas fait d’erreurs.
Une fois les émotions fortes passées, tout le groupe se retrouve pour le reste de la descente qui se révèle être en conditions parfaites. Je ne pense pas avoir eu de la si bonne neige depuis deux années ! C’est à toute vitesse et à tout plaisir que nous descendons, prenant juste le temps de mettre des distances de délestage dans la dernière pente.
Nous remettons alors les peaux et attaquons la traversée col des Lessines – col de la Botte qui comme à son habitude est très au chaud et nous met à rude épreuve. Puis c’est la montée vers la Croix de Chamrousse, qui comme à son habitude est ventée et nous met à rude épreuve, mais de l’autre côté du spectre thermique !

Nous ne nous attardons pas pour descendre de l’autre côté. Nils retrouve grâce à la descente une énergie qu’il avait planqué on ne sait où, alors que d’autres comme moi avons les jambes en feu tellement skier sur piste est dynamique. Nils et Benoit font le choix d’aller dans le hors piste pour maximiser le côté sauvage, mais je préfère sur ce versant profiter des pistes.
Le dernier tronçon de piste se fait en retournant dans le brouillard, bien plus dense qu’au matin. Nous ne pouvons plus voir à plus de cinq mètres et c’est quasiment à l’aveugle que nous retrouvons la voiture.
La journée se termine par des bières et des gâteaux particulièrement délicieux pris à l’auberge des Seiglières, avec possibilité de se mettre dans le fauteuil jouxtant le poêle, pour clore parfaitement cette journée aux conditions de ski particulièrement bonnes.
Martin.
- Participants : Martin (encadrement), Nils (co-encadrement), Emil, Benoit, Damien
- Dénivelé : 1415 m D+
- Altitude max. : 2487 m
- Distance : 13,5 km
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