Des Grandes Voies pour le GAN, la trilogie de juillet
Délaissant les pauvres travailleurs juilletistes opprimés et bravant canicule et intempéries, une équipe confidentielle constituée d’Antoine et Gérard a entrepris de ramener la section d’escalade du GAN sur les chemins héroïques des grandes voies et du terrain d’aventure.
Acte 1 – Les Vouillants – ‘Voie des 3 longueurs’ (60 m, AD)
Fontaine, après-midi du mardi 21 juillet 2009, prêts à affronter la canicule et le potin de l’usine de traitement d’ordures, l’équipe de choc se prépare. Un entraînement secret de révision des manipes au site des ‘Vouillants’ nous amène dans la ‘Voie des Trois Longueur’ (4+ ; 5b ; 5b) accessible par les vires aériennes câblées de la paroi principale. Pas de difficultés majeures, la descente par deux rappels de 30 m biens gazeux nous réserve un joli pendule dans le vide pour atterrir sur la première terrasse et enfin, nous oblige à gérer le torronage de la corde de façon à éviter qu’elle ne se coince et qu’on se voit déjà en position d’appeler l’hélico (d’ailleurs on avait laissé nos portables en bas !).
Acte 2 – Chamrousse – Grand Van / Lacs Roberts – voie ‘les Roberts de Réjane’ (250 m ,D)
Mercredi 22 juillet 2009, le temps est bizarre, chaleur tropicale dans la vallée, ciel couvert et gros vent pour le Grand Van ! Arrivée à Chamrousse à 9h. Pas de téléphérique, y’a trop de Zèphe. On prend un café en attendant pour voir s’ils se décident. A 10h passé, toujours pas de benne, on prend donc nos pieds à deux mains et on y va. Après presque deux heures d’approche pour arriver au pied de la voie, durant la pause grignotage, le vent redouble, et il pleut ! Décidés pour la voie ‘les Roberts de Réjane’ (5c ; 5a ; 3c ; 4b ; 2a ; 4c ou variante 6a+ si affinité ; 5b ; 2b), on avait pas trop envie ce coup-ci de se faire le remake de notre tentative de grande voie à la Bérarde d’il y a quelques semaines, où les dalles granitiques dégoulinantes d’eau de fonte nous avaient fait renoncer.
Allez ! pour l’instant, c’est juste trois gouttes, on fait la première longueur, après on avise ! Le temps finalement restant au sec, nous enchaînons. Après la première longueur un peu rude au démarrage, plus vraiment de difficultés techniques, mais plutôt d’itinéraire. Dans les sections de 3 et de 2, pas vraiment de points pour indiquer la route exacte, quelques pas de 4 (virtuellement, sans assurage) nous remettent sur la voie. Nous skipperons la longueur 6a/6a+ pour la variante optionnelle en 4c, histoire de pas se mettre tout de suite au taquet en terre d’av…
Enfin, nous sortons sur l’antécime (cote 2330 m) du Grand Van, après un peu plus de 3 heures de grimpe, pour redescendre ensuite vers les Lacs Roberts, et retourner à Chamrousse. Le tour est joué !
Acte 3 – Chamrousse – Tour de l’Homme – voie ‘Péchiney Direct’ (280 ,m , D+/TD-)
Vendredi 24 juillet 2009, là, ça rigole plus, on tape dans le vertical. Ici, pas de problème d’équipement ni d’itinéraire (St-Cambon, priez pour nous pauvres grimpeurs !). Les points sont là où il faut, on a juste besoin de mental et d’un peu d’endurance pour venir à bout de la classique ‘Péchiney Direct’ (5b ; 5c ; 5c ; 6a ; 5c+ ; 5b ; 5a ; 5a), plus ancienne des voies équipées de ce secteur de la ‘Tour de l’Homme’, cette falaise bien connue des grimpeurs, qui surplombe la vallée de la Romanche de plus de 1200 m, … ambiance ‘gaz’ garantie !
Accès par le plateau de l’Arselle, petite montée par une piste de raquette jusqu’aux pentes du Rocher de l’Homme. Je planque mon sac sous un rocher pour partir avec un plus petit, allégé au max, puis c’est 200 m de descente dans un sentier à chamois amélioré pour arriver au pied des voies. Vue imprenable sur Rioupéroux, le temps est impec, brise rafraîchissante, mais on n’évitera pas le soleil de juillet sur nos peaux déjà bien mates, dans cette belle face exposée plein sud. Décollage vers 11h30.
Quelques pas bien techniques ponctuent déjà les premières longueurs, histoire de se mettre dans l’ambiance. Bientôt arrive la longueur de 6a. J’attaque en confiance la rampe dalleuse surplombant le vide, passant en finesse, des inversées du dièdre aux échancrures de l’arête gazeuse. Après quelques mètres, la rampe se rétrécit, obligeant à basculer plein gaz dans une position limite. Une fois la dégaine posée, je décide d’enchaîner le pas suivant assez athlétique, ‘yes’, c’est passé ! Quelques mètres plus tranquilles et le passage se voit barré par un bombé déversant quasiment sans prise que je franchis en tire-clou A0, plutôt que de me cramer à trouver comment le passer en libre. Ouf ! la longueur la plus dure de la voie est entendue…
Antoine défriche quelques pas encore assez tendus dans la longueur suivante, puis ça redeviens progressivement un peu plus ‘rando’. Nous sortons de la voie à 16h, après 4h30 d’efforts, de cuisson solaire et de pieds écrabouillés, … contents et satisfaits ! Pendant ce temps les nuages petit-à-petit se forment, jusqu’à voiler le soleil. Le temps de manger, de redescendre et de boire un coup au bar du foyer de ski de fond et c’est la grosse averse sur la route. On avait bien fait de pas trop traîner quand-même…
The Mission was done
Gérard, juillet 2009