Escapade en terre inconnue
Beaumont et Dévoluy méridional côté Champsaur étaient les destinations de ces sorties en ski de randonnée peu connues des skieurs du club.
Mardi 13 février : La Croix de Rougny (2259 m)
En arrivant dans le petit hameau de Fallavaux des Matthieux, nous savions à quoi nous attendre : beau temps et température polaire déjà constatée en traversant le plateau matheysin avec -13° au thermomètre de la voiture. Vêtements chauds, gants et bonnets sont de rigueur quand nous chaussons pour nous engager dans le vallon frigo du ruisseau de Fallavaux ; la température ressentie est tout juste supportable, mais cela ne durera pas car nous bifurquons très vite plein sud dans la combe de la Bilière. Nous remontons au soleil sur la piste d’accès à la Cabane de Pale, qui nous permettra de surmonter un raide verrou avant de retrouver la combe pour un regroupement. La quasi totalité de notre itinéraire apparaît alors. Nous devons rejoindre la croupe qui nous mènera au sommet sans passer sous une ancienne plaque partie jusqu’au sol ; nous nous concertons, le manteau neigeux est bien solidifié en profondeur avec quelques centimètres de fraîche en surface. Nous mettons les couteaux ; Alain fait la trace et nous suivons en prenant nos distances. Après quelques hésitations d’une partie du groupe, tout le monde finit par monter et nous nous regroupons sur la croupe. La pente se raidit ; la croupe se transforme en arête et la dernière conversion cinq mètres sous le sommet nous demande beaucoup d’efforts. La température ressentie reste glaciale et après un dépeautage express, nous entamons la descente avec prudence sur une neige piégeuse. Casse-croûte rapide au soleil et plus ou moins à l’abri du vent et c’est reparti pour terminer notre périple. Dès les premiers virages, une personne du groupe chute ; elle entend craquer, sa fixation ne s’est pas déclenchée et elle a mal à la cheville. On lui conseille de ne pas desserrer sa chaussure et d’essayer de descendre mais cela s’avère trop difficile et douloureux même en faisant des conversions. On décide malgré les réticences de la blessée d’appeler les secours qui nous disent d’emblée avoir beaucoup d’évènements en cours. Cela prendra un certain temps, entre les explications et les confirmations de coordonnées GPS. Suivant les instructions du PGHM 38, nous laissons la victime avec un copain, tous les autres se regroupant à une vingtaine de mètres en attendant sagement les secours. Aux premiers vrombissements de l’hélico, nous guettons qu’il vienne bien pour nous. Nous sommes vite rassurés car deux trois rotations plus tard, il pose un patin et largue trois secouristes puis repart se mettre à l’écart. L’auscultation est courte : la blessée est littéralement couvée par les secouristes qui l’entourent. L’hélico revient et embarque tout ce petit monde. Un silence de plomb s’ensuit : on reprend nos esprits après l’émotion de voir quelqu’un de l’équipe nous quitter de cette façon. Nous terminons notre descente à moitié congelés et arrivés aux voitures c’est la surprise du jour : la blessée nous attend, déposée par les secouristes qui avaient d’autres secours à assurer. Nous gagnons le gite de l’Yvraie où l’accueil est chaleureux. La patronne conseille le centre médical de la Joue du Loup plutôt que l’hôpital de Gap surchargé. Ce fut en effet le bon plan : avant 19h00, plâtrée et avec deux béquilles, elle nous rejoint alors que nous dégustons les bières spéciales de la Jarjatte. Repas avec une bonne cuisine maison et locale, et nuit réparatrice pour finir cette journée longue et mouvementée.
Mercredi 14 février : Tête des Ormans et Plane du Pin au départ du gite.
Lever à 7h15. La neige annoncée est bien là : 10/15 cm de poudreuse très légère. Nous partons skis aux pieds en remontant le vallon de l’Abéou pendant 20 min. Nous bifurquons au pont pour prendre le GR94 en passant aux chalets de Boudelle et en poursuivant dans le long vallon de Pré la Pierre. Nous faisons la trace ; le paysage est magnifique avec en point de mire les monolithes des Archers que nous laissons sur la gauche pour rejoindre le col de Plate Contier. Il nous reste alors 235 m de dénivelé pour rallier la tête des Ormans. Pas trop de vent et température agréable idéale pour le casse-croûte au sommet. Beau panorama au nord, allant des Garnesiers jusqu’au Grand Ferrand en passant par la tête des Vachères et la Crête des Aiguilles et à l’est la belle combe de la Cluse et la tête du même nom jusqu’au Pic de Bure. Nous entamons la descente dans 15/20 cm de neige fraîche et légère posée sur une sous couche dure. Cela tourne tout seul, chacun fait sa trace. Je me dirige en traversée sur la gauche pour rejoindre une ligne vierge de traces et je déclenche une coulée heureusement sans conséquences graves. La première descente de la journée se termine au pied des monolithes des Archers. Il nous faut repartir car le gite est encore loin et nous repeautons pour la dernière montée qui nous mène à la Plane du Pin. Descente par le vallon du Clos des Anes et la route forestière de la forêt d’Aulne et retour au gite de l’Yvraie.
Les 9 du séjour : Evelyne, Catherine, Marc, Hervé P., Claude, Raoul, Hervé G., Alain, Jean-Luc