La Petite Fourche au départ du refuge Albert 1er
Ce samedi 28 juillet nous sommes 7 participants sur le parking du télécabine de Charamillon dans le village du Tour : Le programme du week-end est de rejoindre le refuge Albert 1er à partir du haut des remontées mécaniques du Col de la Balme et de faire le sommet de la Tête Blanche le lendemain.
Nous décidons de casse-croûter avant de monter mais une grosse averse orageuse s’invite au programme et nous oblige à patienter à l’abri du guichet avant de pique-niquer.
Au moment de prendre nos billets, on nous annonce l’arrêt du télécabine pour cause de risques d’orages, le redémarrage ne pourra se faire qu’après la levée de l’alerte.
On attend donc sagement, mais la perspective de faire toute la montée lourdement chargés et avec la pluie qui reprend ne nous enchante guère et entame notre moral.
Tout finira par rentrer dans l’ordre ; on pourra enfin commencer notre rando sac au dos aux abords du col de la Balme sous une pluie faible.
1h40 plus tard nous arrivons au refuge, à peine humides grâce au vent qui s’est levé en cours de montée. Les inscriptions prendront un certain temps malgré l’informatique et on rejoindra sans tarder notre dortoir.
On occupera le temps libre d’avant repas pour faire l’inventaire de l’équipement individuel et une révision des principaux nœuds. C’est le baptême pour Nicolas qui n’a jamais fait de haute montagne.
Nous arrêtons les nœuds et descendons d’un étage pour passer au réfectoire. Nicolas, très confiant et sûr de lui, anticipe son premier 3000 du lendemain et paye un coup à boire. On passe à table à 18h30. Le refuge est complet, donc 145 personnes à caser en 2 services. La soupe est très bonne, consistante et à volonté.
Le lendemain matin lever à 4h45 et petit dej à 5h00.
La fin de nuit est claire, la température agréable. Nous mettons le baudrier et quittons le refuge aux premières lueurs du jour en empruntant un cheminement cairné encombré de gros blocs polis par le passage répété des alpinistes. Nous rejoignons le glacier vers 2820 m.
Nous mettons les crampons et formons une cordée de 4 et une de 3 avec des intervalles assez courts car le glacier est peu crevassé et plutôt en neige ; les rares petites zones en glace semblent facilement évitables.
La progression est lente ; nous continuons par une grande diagonale gauche=>droite facile à l’aplomb des aiguilles du Tour et Purtscheller. Nous passons une première croupe et découvrons la deuxième partie et la fin de notre itinéraire : une contre pente et une seconde croupe soutenue jusqu’au col Blanc et pour finir la belle face de la Petite Fourche (3520 m).
Nous aurons une petite zone crevassée et une autre en glace pour atteindre le Col Blanc et enfin les 100 derniers mètres à 35° brillamment gravis par les 2 cordées.
Nous débouchons à une petite brèche et découvrons un panorama à couper le souffle. A nos pieds, le grand cirque glaciaire de Saleina et une couronne de sommets dont nous ignorons les noms. Par déduction et avec la carte nous pensons identifier l’Aiguille d’Argentière et le Dolent au loin.
Nous délaissons le sommet rocheux 10 m au dessus de nous et rejoignons crampons aux pieds une selle neigeuse qui sera notre emplacement de pique nique.
Nous prenons notre temps pour nous restaurer et évacuer la fatigue bien présente : nous avons mis quasiment 4 heures pour faire 820 m de dénivelé sans doute à cause de l’altitude et au manque de courses de ce niveau.
Derniers regards sur le cirque glaciaire du Tour et nous entamons la descente sur nos traces de montée. A la sortie de la petite zone en glace, nous tâtonnons pour contourner une crevasse bien visible et c’est à ce moment que Nicolas s’enfonce dans la neige avec la jambe droite qui disparaît et la gauche qui se plie complètement et ravive une forte douleur au genou. Nous sommes deux derrière lui corde tendue ; André est devant et revient l’aider à se rétablir. Nicolas nous dit que sa jambe droite pend dans le vide ; on reste concentré et on le laisse se remettre sur pied ; après qu’il nous ait dit que tout allait bien, nous repartons en méditant sur la vigilance et la concentration quand on progresse sur un glacier même facile.
Nous faisons halte au refuge pour récupérer les effets laissés le matin et prendre quelques collations et repartons. Il fait chaud et c’est un peu la cohue : il faut soit attendre, soit jouer des coudes ou prendre des raccourcis pour passer, enfin bref on est contents d’arriver au télésiège du Col de la Balme.
En descendant, derniers coups d’œil et photos des sommets emblématiques du secteur : l’Aiguille Verte et surtout l’Aiguille du Chardonnet que l’on a eues en point de mire pendant 2 jours.
Pot en terrasse à coté du télécabine.
Très beau weekend malgré la pluie et les péripéties du samedi. On n’a plus qu’à rentrer dans nos cocottes minute pour rejoindre la maison.