La Traversée Héroïque et vallons du Dévoluy
Après une trop longue période de météo instable et orageuse, le ciel de Hautes-Alpes s’illumine enfin de son célèbre Bleu 05.
J’en profite pour proposer ma première randonnée en tant que Ganiste exilé à Veynes, la Corne par la Traversée Héroïque, suivie d’un parcours méconnu, souvent hors sentier, vers la base de la face Nord-Est du Pic de Bure par le Vallon de l’Âne et du Vallon froid.
Nous sommes 5, dont 3 au départ de Grenoble à nous retrouver sur le parking de l’IRAM à l’Enclus. La Traversée Héroïque en elle même étant cotée R5 sur un terrain typiquement dévoluard, je m’assure que personne n’a oublié son casque.
Au départ, le sentier chemine tranquillement sur le GR qui se dirige vers le Pic de Bure et sa Combe Ratin. A plusieurs reprises, nous passons sous les câble du tragiquement célèbre téléphérique qui a occasionné la mort de 20 personnes le 2 juillet 1999.
Après une petite heure de marche, nous quittons le confortable GR pour nous diriger vers l’Est, en direction de la muraille de la Corne dans laquelle nous apercevons la cavité noire et béante du chourum. D’abord sur des alpages, notre progression se déroule ensuite sur un pierrier de plus en plus raide, uniquement marqué par de faibles traces de chamois.
Ce pierrier nous mène ensuite à la base d’un couloir rocheux ou il faut parfois mettre les mains pour progresser. Nous mettons nos casques pour plus de sécurité.
Après environ 300m de progression dans la caillasse, nous apercevons le crux de la randonnée, la célèbre double arche qui se découpe sur un ciel d’un bleu immaculé. Nous gravissons aisément des gradins en rocher plus compact pour laisser l’arche de gauche trop caillouteuse et nous diriger vers celle de droite, plus raide, mais en meilleur rocher jusqu’à buter 5 mètres sous la sortie sur un petit ressaut qui nécessite de sortir la corde. Nous trouvons sur une vire un point d’assurage qui permet de sécuriser le relais et je fais les quelques mètres d’escalade sur un rocher sur lequel il vaut mieux pousser sur les prises plutôt que tirer dessus pour ensuite naviguer sur la pente de sortie entièrement garnies de magnifiques rhododendrons en fleurs.
Encordés, les membres de l’équipe gravissent à tour de rôle le passage délicat. Nous nous retrouvons tous sous la Corne, heureux d’avoir réalisé cet emblématique chourum du Dévoluy.
Pour l’arche de gauche, nous reviendrons cet hiver crampons aux pieds et ski sur le dos…
Le passage à 5 du Chourum ayant pris du temps, nous nous dirigeons vers l’ombre d’un mélèze pour un pique-nique reconstituant.
Pour la suite de la randonnée, nous remontons, hors sentier, les alpages du Vallon de l’Âne en direction du Pic de Bure et de son austère face Nord-Est jusqu’à la base de l’arête Est de l’Istier (2242m) que nous remontons toujours hors sentier pour venir buter sur la paroi de Bure.
Nous sommes en vue du Pas du Follet, mais il nous faudra redescendre un couloir pierreux ou il est préférable de porter le casque, et traverser un interminable pierrier, océan dantesque de blocs instables issus de la paroi qui nous domine.
Arrivés au Pas du Follet, nous voyons le tranquille Vallon Froid que nous allons descendre sur un sentier de plus en plus confortable pour venir passer sous le rocher de l’Âne éclairé par une belle lumière de fin d’après-midi.
Le retour au parking se fait tranquillement sur une bonne piste forestière à travers un mélézin à l’ombre rafraichissante.
Nous fêtons notre victoire héroïque, un bière à la main devant l’épicerie de Saint-Étienne en Dévoluy.
Une très belle combinaison d’itinéraires dans des ambiances variées, et emblématiques du Dévoluy.