Le sentier de la Baronne
Un balcon suspendu entre Triéves et Dévoluy.
Ce dimanche 17 Aout nous étions cinq ganistes déterminés à découvrir ce sentier aérien dominant le Trièves entre le grand Ferrand et l’Obiou.
La Baronne de Tréminis aurait, au XIXéme siècle, sollicité les paysans du Trièves pour tracer ce sentier destiné à monter bergers et moutons dans cet alpage improbable suspendu au dessus de barres rocheuses.
Depuis quelques années P. Sombardier à redonné vie à cet itinéraire avec ses topos sur les sentiers du vertige. http://www.bivouak.net/topos/course.php?id_course=1625&id_sport=2
La météo favorable nous incite à camper sur place, dans une jolie prairie récemment fauchée, au dessus du hameau du Serre. Tentes installées, nous allons poser une voiture à 1342 m, en vue du retour le lendemain, sur la piste de bois Puriet, met à l’aire d’envol de parapentistes. La soirée est seulement perturbée par la venue du propriétaire, mécontent de voir des intrus sur son terrain. Nous faisons profil bas, en lui promettant de laisser « place nette » dès le lendemain matin.
Lever au petit jour, le ciel est parfaitement dégagé, la rosée est prédominante et les tentes seront rangées très humides.
Départ à 7h15 pour cette longue chevauchée. D’abord sur une bonne piste tranquille, en forêt, avec un balisage très particulier, nous abordons la Grande Casse : immense éboulis sur lequel restent quelques débris d’un avion britannique qui a percuté la falaise en 1963. Nous empruntons une sente bien marquée sur cette casse qui nous amène par un sentier raide et étroit dans la forêt puis la clairière de Poét Platin.
À partir de 1650 m nous entrons dans l’ambiance des grandes vires herbeuses suspendues à la Seia. À 1714 m nous quittons la vire inférieure des petites Charances, pour rejoindre par quelques lacets bien raides le sentier de la Baronne. On s’élève à travers une barre rocheuse, puis dans les pentes situées sous la tête de l’Aupet, le Rognon, le Nid. Le sentier reste relativement bien marqué et confortable. S’il disparaît masqué par l’herbe grasse, il réapparaît 30 m plus loin. Vers 2200 m , nous restons cois, devant la falaise impressionnante qui se profile devant nous ; le sentier lui, en 2 épingles à cheveux, surmonte cet obstacle. Nous poursuivons jusqu’à 2400 m et à l’aplomb d’une faille rocheuse.
Nous grimpons environ 6 0m dans un couloir raide pour atteindre le col du Portail (2480 m). Là, nous entrons dans le monde minéral et désertique du Dévoluy : la grande combe de la prison, aux courbes harmonieuses remplies de « piles d’assiettes » ; nous prenons pied dans cette combe après avoir longé une vire rocheuse sur quelques 50 mètres, puis un large pierrier, traversé par une sente à chamois nous amène à la base du pilier sud de la Tête de la Cavale. Encore 250 m de « crapahut » plutôt aisé nous amène sur l’arête finale de la Tête de la Cavale (2697 m), Il est 13h15 , et nous apprécions cette pause pic nic pour admirer l’Obiou et son arête de Malpasset, ainsi que tous les sommets du Dévoluy; Tete de Lapraz, Nid, Rougnou, Grand Ferrand …
Nous entamons le retour par une descente facile sur l’arête, jusqu’au Bonnet de l’Evèque , puis par un couloir étroit et raide avec des gradins rocheux délités, nous prenons pied sur le versant Trièves via l’arête de Fluchaire. Belle arête fuyante d’abord faite de petit gradins rocheux, puis un bon pierrer, et enfin une pente herbeuse nous ramène vers 2100 m sur le sentier balcon dominant les lames de l’Arçon. Nous retrouvons peu après la bifurcation de la fin du sentier de la Baronne. Puis nous dévalons la croupe herbeuse de Courtet.
Un petit coup d’œil dans le rétro nous laisse deviner l’impossible sentier tracé dans cet immense alpage suspendu. Chacun se faisant la réflexion : Nous sommes passés là-haut ! A la borne 1717 m, nous plongeons par un bon sentier, dans la forêt domaniale de St Baudille pour rejoindre notre voiture laissée la veille… ce qui nous a évité 300 m de descente supplémentaire.
Ouf ! Et Bravo à Christiane, Jimmy, Marc, Philippe et Alain pour avoir osé cet itinéraire magnifique avec 1700 m de dénivelle et 10 h de marche.