Sangle de la Tour Percee : ou comment randonner dans le doute
Quand Le brouillard s’invite et trouble « l’aérien »
En ce dernier dimanche 31 juillet, alors que partout ailleurs était annoncé l’arrivée d’un temps estival. Les derniers cumulus de juillet s’accrochent sur nos massifs préalpins. Mais ce n’est pas cela qui freine nos huit randonneurs du GAN qui restent accrochés à leur conviction que le soleil va l’emporter.
Départ à 9 h au col de Marcieu, puis grimpée soutenue mais facile par le sentier de l’Aup du Seuil, jusqu’à 50 m du pas. Là, vers 1820 m, se distingue une petite sente qui s’en va tranquillement traverser les pentes herbeuses entre les barres rocheuses. Franchissement de la clôture, petite descente et nous voilà partis, avec un compagnon qui nous enveloppera pendant presque tout ce périple : le Brouillard.
Le sangle (petite sente de vingt centimètres de large, souvent horizontale, tracée dans les pentes herbeuses, le plus souvent sous une barre rocheuse et en dominant une autre). Ces sangles sont souvent utilisés par les chamois et… les chasseurs ! Après l’ascension d’un premier ressaut permettant de rejoindre un sangle supérieur, nous atteignons puis descendons le couloir de Ragris sur une trentaine de mètres. Nous empruntons un nouveau sangle bien marqué qui nous permet de traverser deux cirques bien distincts. Mais là, surprise : nous sommes devant un cirque infranchissable à notre altitude. Recherche plus haut, recherche plus bas. Rien de bien engageant. Il est 12h45.
Nous décidons de faire la pause pique-nique pour nous remettre au clair. Proche du renoncement, nous décidons un retour en arrière puis nous distinguons un petit passage d’escalade facile (niv 3) permettant de rejoindre un gradin supérieur. Un peu de « crapahut » et d’adrénaline, entre herbe et rocher et nous voilà sur un sangle supérieur à 1830 m. Maintenant cela ressemble plus à l’itinéraire que j’avais initialement visité il y a 3 ans. Seulement le brouillard estompe le vide et les cirques « gazeux » que nous avons sous nos pieds.
Premier passage clé que Jacky équipe d’une main courante pour franchir un pas dominant un couloir fuyant. Puis nous poursuivons ce sangle au pied de la barre rocheuse. Un cirque, puis deux, puis trois puis quatre, nous sommes maintenant sous l’immense face du Grand Manti, donc trop loin. Mais où est le couloir herbeux qu’il faut descendre pour rejoindre le cirque de la Tour percée ? Demi-tour. Une tentative. Puis deux, de descendre un couloir. Enfin le troisième est le bon.
Descente sur la corde amarrée sur un tronc d’arbre. Nouveau petit sangle, nouveau petit couloir à désescalader. Et notre belle Arche de la Tour Percée surgit de nul part. Impressionnante surtout vue coté est, et avec le brouillard qui lui donne une image irréelle. Pour nous, la descente n’est pas terminée, dernier ressaut rocheux à désescalader; une corde fixe est déjà installée, nous mettrons la nôtre comme assurance supplémentaire. Nous poursuivons la descente dans un pierrier mal commode ; sortie du couloir à droite au pied des dernières parois puis nous dévalons dans la forêt, par un bon sentier puis dernière piste forestière jusqu’au col de Marcieu.
Au total une belle aventure de près de 8 h. Bravo à Jacky, Chantal, Christiane, Jimmy, Alain, Tania, Marilène pour avoir traversé dans la bonne humeur les moments de doute et de stress. Et Claudette qui veillait sur nous, perchée sur le sommet de l’Aup du Seuil à 1926 m.