Tour de la Bessanèse

Grenoble Amitié Nature - Club de montagne omnisports

Tour de la Bessanèse

Parking de Vincendières au dessus de Bessans en Haute Maurienne, 17 ganistes en partance pour le Tour de la Bessanèse, entre France et Italie, trek en altitude, réputé difficile, de 5 jours pour 47Km et 4156m de dénivelé.

Jour 1 : Vincendières -> refuge Avérole (2210m)
D+ : 406m
D- : 35m
Distance : 4,6Km

Départ du parking de Vincendières, après le Pique nique. La montagne nous accueille, splendide, avec le bleu d’un ciel d’azur, le vert d’une végétation luxuriante et le blanc des névés encore bien présents.

Névés encore bien présents
Névés encore bien présents

Montée courte au refuge en traversant le village d’Avérole à l’ambiance pastorale puis par un sentier confortable.

Village d'Avérole
Village d’Avérole

Cette première étape est courte mais permet au groupe de faire connaissance dans une ambiance conviviale et détendue.
Arrivés au refuge nous prenons possession de notre dortoir, puis après quelques bières commandées, je m’informe auprès de la gardienne sur les conditions de la montagne et en particulier, l’étape du lendemain, la plus difficile avec le redouté Passage du Collerin (3200m).

Refuge d'Avérolles
Refuge d’Avérolles

J’avais déjà à 2 reprises appelé les refuges pour avoir une idée de l’enneigement encore très présent cette année, et je savais qu’il était nécessaire d’aborder ce trek avec à minima des mini crampons, mais suite à un accident survenu la veille, la gardienne avait maintenant un discours un peu alarmant. J’apprends que la main courante que j’avais vue sur des photos est partiellement sous la neige et que la pente du couloir de descente avoisine les 40°!!!
En prévision des conditions particulières de cette de année, j’avais demandé à tout le monde de se munir de mini crampons, d’une sangle et d’un mousqueton à vis pour constituer un baudrier de fortune. Nous avions également 2 cordes de 30m et quelques piolets, Jeff et Daniel avait des crampons d’alpinisme.
La nouvelle ayant refroidi le groupe, j’organise au pied levé un atelier de descente en moulinette sur baudrier improvisé.


Un baudrier improvisé
Un baudrier improvisé

Pendant ce temps, Jeff et Delphine redescendent au parking chercher une paire de crampons, une corde et un piolet restés dans les voitures.
Après concertation, nous estimons que nous avons le matériel nécessaire pour tenter le Collerin dans des conditions optimales de sécurité.
Malgré un bon repas, la tension se faisait sentir dans le groupe.

Jour 2 : Refuge Avérole -> refuge Gastaldi (2659m)
D+ : 1129m
D- : 685m
Distance : 9,2Km

Lors de la réunion préparatoire, le groupe étant nombreux, nous avions prévus de faire 2 groupes. Fred prendrait la responsabilité de l’un d’eux. Suite aux informations de la veille nous décidons de ne faire qu’un groupe afin de mutualiser le matériel et les compétences en alpinisme.
Dès la sortie du refuge, la pente est raide et nous dénivelons rapidement dans le vallon de Clapier blanc, sous l’emblématique sommet de la Bessanèse (3592m) en direction du Col des Audras.

Le vallon de Clapier blanc
Le vallon de Clapier blanc

Vers 2800m nous rencontrons les premiers névés, l’occasion pour beaucoup de chausser pour la première fois les mini crampons et prendre contact avec la neige.
A partir du Col des Audras, la pente est moins raide et l’apprentissage du cramponnage se fait en douceur.
Partis à 8H, nous arrivons au Passage du Collerin vers 11H45.

Premiers névés
Premiers névés

Au premier regard, la descente versant italien est moins impressionnante que redouté. Hormis une section de 25m environ, la main courante est accessible au dessus de la neige. La pente est effectivement très raide, mais l’orientation Est du couloir a permis au soleil matinal de faire décailler la neige.
Rassurés sur les conditions et sous un soleil radieux, nous faisons une pause casse croûte avant d’entamer la descente.

Pause casse croûte au Passage du Collerin
Pause casse croûte au Passage du Collerin

En plein déjeuner, nous sommes rejoints par 2 randonneurs montés directement depuis le parking ce matin. Après quelques mots échangés, ils ne s’arrêtent pas et entament directement la descente.
Curieux de la façon dont ils vont gérer la descente, je ne les quitte pas des yeux. Au lieu de se diriger vers l’origine de la main courante, ils se dirigent vers son extrémité 30m plus bas prenant le couloir en pleine pente. Munis simplement de mini crampons et d’un bâton chacun tout d’un coup c’est le drame! Le premier glisse puis se relève, mais rechute aussitôt emportant plus bas son camarade. Les 2 randonneurs glissent, entremêlés sans pouvoir s’arrêter jusqu’à la rive gauche du couloir. Ayant dépassé la rupture de pente, ils sortent de notre champ de vision. Nous les reverrons quelques heures plus tard, à proximité du refuge, l’un étendu sur le sentier, l’autre le visage tuméfié. Un hélicoptère italien les survole, des secouristes descendent, pour l’évacuation vers l’hôpital de Turin.

Mais pour l’heure nous sommes toujours en haut. Prudemment, piolet à la main, je me dirige vers la corde fixe entre neige et rocher, puis vers son extrémité d’où je fais un relais. Une première corde permettra à Daniel de descendre en rappel pour faire un second relais là où la main courante refait surface au dessus de la neige. Elle servira aussi de corde fixe aux 15 autres participants. L’autre corde me permettra de descendre, un à un, tout le monde en moulinette.

Descente de l'équipe sur main courante
Descente de l’équipe sur main courante

Efficacement secondé par Fred et Jeff en amont, Daniel en aval du passage de 25m, nous mettrons 1H45 pour descendre tout le monde.

Descente en moulinette
Descente en moulinette

En bonus, un couple étant arrivé au Collerin pendant les manip de cordes, madame bénéficiera de la moulinette, monsieur préférant descendre dans la pente du couloir en piolet/crampons prêtés par la gardienne d’Avérole. Pour finir, un groupe de Hollandais étant dans le sens de la montée et à l’équipement plus que sommaire pourra lui aussi profiter de notre corde pour remonter le passage.
Ce seront les seules personnes que nous rencontrerons pendant le trek, la montagne étant surement désertée au vu des conditions d’enneigement.
A noter aussi que les 2 randonneurs, le couple, et les hollandais étaient insuffisamment équipés et préparés pour aborder ce trek en sécurité.

Le groupe s’est rassemblé sur une moraine au bas de la main courante et du couloir, mais la neige est toujours présente pour la suite et les pentes à ne pas négliger.
Lors d’une traversée de névé, 2 participants glissent pour se relever plusieurs mètres plus bas. Plus de peur que de mal, mais tout le monde a compris la nécessité d’être très vigilant.

Le groupe s'est rassemblé sur une moraine
Le groupe est rassemblé sur une moraine
Le Collerin, c'est fait!!
Le Collerin, c’est fait!!

Le reste de la descente se fait sans encombre sur des pentes de neige modérées puis sur un sentier suivant le lit d’un ancien glacier.
A l’approche du refuge, un dernier raidillon nous attend où nous devons alterner passages de névés en crampons et passages rocheux. Nous serons survolés un long moment par l’hélicoptère en approche pour le sauvetage des 2 randonneurs.

Survol de l'hélicoptère
Survol de l’hélicoptère

Avec soulagement, nous arrivons au refuge Gastaldi situé dans un cadre magnifique, très alpin et minéral, après une bambée de plus de 9h riche en émotions.

Le refuge Gastaldi
Le refuge Gastaldi

Jour 3 : Refuge Gastaldi -> refuge Cibrario (2616m)
D+ : 800m
D- : 845m
Distance : 9,5Km

Après le stress de la veille, l’étape du jour sera plus tranquille. J’avais prévu une variante pour monter en A/R au Col des Arnes, mais l’accès au col étant raide et enneigé, je renonce à ce détour pour le remplacer avantageusement, sur une proposition de Jeff, par l’ascension de la Punta Fortino (3010m).

La Punta Fortino
La Punta Fortino

Ensuite, c’est la descente sur le magnifique Lago della Rossa, partiellement recouvert de neige et offrant un camaïeu de couleurs, allant du bleu glacier, au bleu caraïbe en passant par le vert émeraude.
Pique nique sur un promontoire dominant le lac et sieste pour certains. Les journées se suivent mais ne se ressemblent pas.

Le bellissimo Lago della Rossa
Le bellissimo Lago della Rossa

Pour accéder au refuge, il nous faut passer le Colle Alare (2908m). Trois cents mètre à remonter dans une combe raide et bien enneigée.
Nous sortons les crampons pour traverser un névé puis accédons à un couloir pierreux, où le casque aurait pu être le bienvenu.

Névé sous le Colle Alare
Névé sous le Colle Alare

Enfin par quelques ressauts rocheux et couloirs enneigés à traverser nous nous rapprochons du refuge. La troupe est maintenant rompue aux chaussages/déchaussages de crampons et certains y prennent presque goût.
Le refuge bien caché au fond d’une vallée austère se laisse découvrir en descendant le long d’une puissante cascade.
En arrivant, mon premier regard se porte sur les pentes raides du Colle Sule (3072m), chemin d’accès vers le Col de l’Auteret (3072m) et le retour en France.

Descente du le refuge Cibrario
Descente sur le refuge Cibrario

Évidement une pente de neige défend l’accès au col et la brume montante m’interroge sur la difficulté de notre prochaine épreuve.
Nous retrouvons le couple que nous avions aidé à descendre du Collerin et avec qui nous avons sympathisé.
A quelques dizaines de mètres du refuge un rocher protégé par un impétueux torrent est le lieux de rendez-vous d’une harde de bouquetins.
Se sachant protégés par le torrent, ils se prélassent tranquillement devant nos yeux admiratifs.Se sachant protégés par le torrent, ils se prélassent tranquillement devant nos yeux admiratifs.

Le lieux de rendez-vous d'une harde de bouquetins.
Le lieux de rendez-vous d’une harde de bouquetins

La gestion du refuge est inhabituelle. Gérée par une association, c’est une équipe de bénévoles qui se relaie chaque semaine pour accueillir les randonneurs. C’est aussi l’occasion pour eux de faire monter amis et famille pour profiter du cadre austère un verre de grappa à la main.
Le service est aussi particulier. Service à l’assiette, par une brigade de mastodontes, de grosses gamelles à la main, pas avares pour remplir nos assiettes de polenta et ragoût de chamois.

La brigade de mastodontes
La brigade de mastodontes

Jour 4 : Refuge Cibrario -> Pointe Croix Rousse (3566m) -> refuge Cibrario
D+ : 910m
D- : 910m
Distance : 5,3Km

Journée en aller retour vers le sommet de Croix Rousse. Mais avant de commencer l’ascension, accompagné de Delphine et Fred nous allons à l’attaque du col que nous devrons gravir le lendemain. Les brumes de la veille ayant disparues et sous le soleil, la pentes semblent moins abruptes que prévues.
Rassurés nous rejoignons le groupe pour colporter la bonne nouvelle.
Départ très raide pour, 100m mètres plus haut, passer devant le Lago Peracieval.

Le Lago Peraciev
Le Lago Peraciev

Du lac un sentier toujours très raide mais sans difficulté et curieusement dégarni de neige permet de passer le Colle della Valetta (3212m). Nos regards plongent vers le Glacier du Baounet, s’écoulant coté français jusqu’au Vallon de la Lombarde que nous parcourrons demain pour rejoindre nos voitures.

Le Colle della Valetta
Le Colle della Valetta

Le sommet est encore 400m plus haut. La journée s’annonçant longue demain, seuls 4 ganistes irons au sommet saluer la vierge Giove Montana.

La vierge Giove Montana
La vierge Giove Montana au sommet de Croix Rousse

Le reste de l’équipe ira pique niquer au lac, faire la sieste et adonner à l’escalade de bloc.
Retour ensemble au refuge, bières, bouquetins et farandole de grosses gamelles pour le repas.

Jour 5 : Refuge Cibrario -> Col de l’Autaret (3072m) -> Vincendières
D+ : 910m
D- : 1807m
Distance : 18,5Km

La journée la plus longue avec une interminable descente. Mais avant, il faut passer les Cols de Sule et l’Autaret.
Toujours sous un ciel d’azur et confiant depuis notre reconnaissance de la veille, la remontée du névé, crampons aux pieds ne pose pas de problème. Ensuite un très raide sentier dans la pierraille nous mène au Colle Sule.

La remontée du névé, crampons aux pieds
La remontée du névé, crampons aux pieds

La pente s’infléchit. C’est un véritable bonheur que de parcourir les vallons d’altitude parsemés de lacs et de névés dans un cadre minéral et fleuri à souhait.

Vallons d'altitude parsemés de lacs et de névés
Vallons d’altitude parsemés de lacs et de névés

Le passage du Col de l’Autaret ne pose pas de problème, nous pique niquons coté français après avoir passé un dernier névé crampons aux pieds.
Ensuite c’est la descente vers Vincendières avec juste le passage à gué d’un torrent, une passerelle ayant été emportée.

La team Bessanèse au col de l'Autaret
La team Bessanèse au col de l’Autaret

Ce trek coté T3/T4 randonnée peut être surclassé F alpinisme en raison de l’enneigement. Les difficultés rencontrées ont fait prendre conscience à tout le monde qu’il ne faut pas sous estimer les conditions et rester vigilant lors des passages exposés. Néanmoins, ce fût un des plus beaux treks réalisés pour toute l’équipe.
Un trek minéral, engagé, mais aussi, pour les sensibilités botaniques, riche d’une flore féérique à tous les étages alpins.


La team de la Bessanèse :
Anne R, Aurélie M, Catherine A, Caroline D, Daniel L, Daniel H, Delphine B, Dominique D, Élisabeth T, François D, Fred D, Jean-François C, Nathalie C, Odile G, Raoul R, Sophie H, Hervé G

Les fichiers GPX du trek